8 Juin 2015
Helvétismes
Je vis avec un Suisse.
On ne se rend pas toujours compte que dans les détails, nous ne parlons pas tout à fait la même langue. Ici, on marche « à » pieds nus, par exemple, et non « pieds nus ». On attend « sur » quelqu’un (« j’attends sur toi ! »), et non quelqu’un. Cela nous fait bien rire, et comme nous sommes écrivains tous les deux, et que j’enseigne en plus le français, le sujet me touche. C’est quotidien.
Cela commence le matin par « Chérie, où sont mes slips ? » Immédiatement, j’imagine une tenue mode et sexy, n’est-ce pas, un empilement de slips de toutes les couleurs : trois slips, rose, vert, bleu, superposés, apparaissant en empilement l’un dessus l’autre à l’arrière du pantalon trop relâché (oui, combien de fois dis-je à mes élèves de remonter leur pantalon, qu’on voit leur caleçon…) Signe de richesse (montrer ses slips) ? d’avarice (peur d’être volé) ? non, simple fait de langue. J’ai oublié qu’ici, on dit une culotte, mais des slips au singulier, une robe mais des pantalons.
Cela continue au petit-déjeuner avec les yoghurts (yaourts dans ma langue natale) et le thé (tout est thé ici : fenouil, verveine, thym, c’est du thé).
Et puis à l’école… on écrit avec un crayon gris, qui étaient crayon de bois dans le Nord de la France, d’où je viens, ou crayon à mine…
Et, lorsqu’on barre un mot, ici, on ne rature pas, on ne raye pas… on « trace ». Cela donne quelque chose comme ça : « Cette réponse est juste ? oui ? on entoure. Celle-ci est juste ? non ? Alors, on trace ! »
Enfin, quand on rentre à la maison en voiture, on emprunte des giratoires (exit les ronds-points de mon enfance) en indiquant avec son signophile la direction que l’on prend, et en évitant de crever (caler) en passant les vitesses !
J’envie mes enfants qui seront naturellement bilingues suisse-français !
Avez-vous des expériences linguistiques familiales? Des accents différents? Une richesse linguistique?