22 Janvier 2012
J'ai soutenu ma thèse de Musicologie le vendredi 2 décembre . Et j'ai le plaisir de vous annoncer que la soutenance s'est très bien passée, que cette matinée a été l'occasion d'échanges très riches avec le jury, et qu'à l'issue de cet examen, j'ai été déclarée à l'unanimité digne du titre de docteur de l'université Paris-Sorbonne (Paris IV) avec la mention " Très Honorable avec félicitations", ce qui est la plus haute mention décernée pour une thèse.
En quelques mots:
Felix Mendelssohn Bartholdy et la musique de scène
en Allemagne dans la première moitié du xixe siècle
Thèse préparée sous la direction du Professeur Jean-Pierre Bartoli
En présence du jury :
Madame Cécile Auzolle Maître de conférences HDR, Université de Poitiers
Monsieur Jean-Pierre Bartoli Professeur, Université Paris-Sorbonne (Paris IV)
Monsieur Jean-François Candoni Professeur, Université Rennes II
Madame Brigitte François-Sappey Professeur honoraire, CNSM de Paris
Monsieur Arnold Jacobshagen Professeur, Hochschule für Musik, Cologne
* * *
Cette soutenance est venue clore un travail de recherches de cinq années : lecture de partitions, de manuscrits, de journaux français et allemands, de correspondances et mémoires de musiciens, bref, un travail passionnant ! La Recherche me plaît beaucoup et me paraît tellement complémentaire de l'enseignement!
Même si les thèses sont des travaux sur des sujets TRES précis, dont les titres suffisent à décourager ou surprendre la plupart d’entre nous, elles sont cependant le moyen que l'on ait de faire connaître le passé et d’en rectifier des erreurs. Et, par là même, de permettre à notre culture et notre civilisation de continuer. C’est là la valeur, pour moi, des chercheurs et historiens.
Felix Mendelssohn, par exemple, a été l’un des plus brillants musiciens de son temps, sinon le plus célèbre : à sa mort, il reçut des obsèques dignes d’un roi et des hommages dans toute l’Europe. Aujourd’hui, on a une image de lui faite de quelques clichés : musique un peu ennuyeuse… Mais on ignore que ces clichés ont été créés et installés par certains critiques musicaux et, par exemple, mais cela n'explique pas tout, par les admirateurs de Richard Wagner (et Wagner lui-même). On oublie qu’il fut un célèbre pianiste, un célèbre organiste, l’un des premiers grands chef d’orchestre de l’Histoire, mais aussi peintre, écrivain, qu’il dansait à merveille, nageait, montait à cheval, doté d’un grand sens de l’humour, et qu’il publia une traduction en vers allemands d’un poète comique latin.
Et qui sait, encore aujourd’hui, que Felix Mendelssohn Bartholdy a composé des musiques de scène, destinées à accompagner des pièces de théâtre ? C’est sur ces œuvres que je me suis penchée. En effet, Mendelssohn a composé des musiques pour accompagner des représentations extraordinaires de pièces de Sophocle, poète grec… qui n’a pas été beaucoup joué entre le Ve siècle avant J.-C. et les années 1840, quand Mendelssohn est appelé pour composer ces musiques. Il a ainsi écrit les musiques d’Antigone, d’Œdipe à Colone (qui raconte la mort d’Œdipe, c’est la dernière pièce de Sophocle, qui a vécu plus de 90 ans, empreinte d’une grande douceur), d’Athalie de Racine… et du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare (mais, si, pensez à la célébrissime Marche nuptiale qu’on entend dans tous les films lorsqu’il y a un mariage ! Elle provient de cette œuvre. Vous la trouvez pompeuse ? C’est normal : elle était voulue ainsi par Mendelssohn, cela correspond au moment où elle intervient dans la pièce). Les musiques de Mendelssohn ont eu un tel succès alors qu’elles sont à l’origine d’une mode « antiquisante », d’un retour aux sujets antiques dans l’opéra et le théâtre !
En plus, la musique pour le théâtre est un domaine très peu étudié des chercheurs : difficile de reconstituer le panorama des musiques jouées dans les théâtre, car il y a peu d’archives, relativement, et une grande diversité allant des œuvres magnifiques de compositeurs comme Beethoven ou Mendelssohn aux « bricolages » de chefs d’orchestre (imaginez que chaque théâtre avait son orchestre et son chœur, ses danseurs, ses comédiens!! on n'y pense plus actuellement...) qui reprenaient un mouvement de Haydn, un de Mozart, composaient un entracte et hop ! C’est parti pour une représentation. Donc, il y a un gros travail à faire pour comprendre ce domaine de la musique.