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Bénédicte Gandois

Entre écriture et musique...

Histoire de parapluies

Lorsque j’étudiais à la Sorbonne je passais chaque matin devant un magasin singulier de la rue Saint-Michel : un magasin de parapluies. « Parapluies Simon ».

Etudiante alors souvent fauchée, je trouvais cela extraordinaire qu’il existât un magasin spécialisé en parapluies. J’imaginais que les parapluies devaient y coûter une fortune, pensez, acheter un parapluie dans un magasin de parapluies !

Inconsciemment, cela dut titiller assez ma curiosité pour que je décidasse un jour d’y entrer. Quelques années plus tard, alors que je travaillais depuis quelques mois à Genève, de passage à Paris et sans parapluie, j’y fis un crochet. Je ne savais pas à quoi m’attendre. Et surtout je n’osais imaginer qu’il y eût ici des parapluies à prix abordables pour la jeune enseignante que j’étais devenue.

Je tombai sur un vendeur passionné de parapluies. Les parapluies, c’était sa vie. Sans rire.

- Ne vous inquiétez pas, Mademoiselle, nous en avons pour tous les prix, vous voyez ici les moins chers, dans les 20 euros, et après, on a là-bas les Rolls des parapluies. Vous cherchez quoi exactement ?

- Un parapluie… euh, pratique, joli… pas trop cher…

- D’accord. Vous habitez où ?

- Je travaille à Genève.

- Genève ? Hum. Il y a beaucoup de vent, là-bas, n’est-ce pas ?

- Je ne sais pas trop. Enfin, si, quand il y a la bise…

- Exact. Alors, je vous conseille celui-ci : pliable, léger, et, surtout, à double baleinage en acier. Regardez. Très résistant.

Affolée par le « double baleinage en acier », je lorgnai vers l’étiquette de prix. 25 euros. Ouf !

- D’accord… et ceux-ci ?

Je montrai un panier de parapluies froufroutants, très jolis, près de la caisse. Le vendeur était en train de regarder un passant scotché à la vitrine. Il se retourna.

- Non. Ce sont des parapluies à simple baleinage, ça ne tiendra pas. J’en sais quelque chose, c’est moi qui devrai le réparer s’il se casse !

Vaincue par cet argument, je choisis celui à double baleinage en acier.

- Vous savez, quand j’étais étudiante, je rêvais d’entrer un jour dans votre magasin, glissai-je au moment de payer.

- Ah, ah, ça je m’en doute, et vous n’êtes pas la première, me répondit le spécialiste des parapluies. C’est comme ce Monsieur, tout à l’heure, qui regardait la vitrine. Un jour, il entrera dans mon magasin. Je le sais. C’est souvent comme ça. Les gens passent, et puis un jour, ils osent enfin entrer.

C’était en 2009.

J’ai toujours mon parapluie à double baleinage en acier. Il résiste encore et toujours à la pluie et à la bise !

Et le magasin existe toujours : http://www.parapluies-simon.com/

Si vous avez besoin d’un parapluie, c’est l’adresse où aller !

 

 

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