25 Mars 2022
Les mots qui changent de genre entre le singulier et le pluriel m’ont toujours étonnée. Encore une bizarrerie de la langue française.
Pourquoi « un amour » est-il masculin mais « des amours » féminin ? Pourquoi ? répondrait une féministe outrée, parce que la femme aime au singulier, elle aspire au prince charmant, l’unique, le bel amour éternel, tandis que l’homme, naturellement volage, vit ses amours à droite et à gauche et se disperse dans diverses amours…
Pourquoi pas, mais alors, que dire pour « orgue » et « délices » qui vivent le même combat, la même exception ?
Pourquoi « il joue de l’orgue » est-il masculin, tandis que « les belles orgues de Notre-Dame » sont féminines ? Difficile de convoquer le féminisme, là…
Personnellement, je vois là une dimension poétique. Il joue de l’orgue, là, c’est le concret, le terre à terre. Tandis que les belles orgues invitent au rêve, à la beauté. (Les féministes me taperont peut-être sur les doigts pour associer beauté et femme).
Car la langue française est aussi une langue que l’on a dotée d’une dimension esthétique importante. En effet, on a quand même eu le toupet d’ajouter des lettres et des mots qui n’existent pas… si ce n’est pour faire joli. Par exemple, quand on dit « si l’on peut rêver », le « l’ » n’a aucune fonction grammaticale. Il n’existe même pas.
Il est juste là pour faire joli.
Pour éviter le hiatus, cette « béance » entre deux voyelles « i-on » qui déplaisait autrefois et était considérée comme laide.
De même si je vous dis : « rêve ! » à l’impératif, il n’y a pas de « -s » à l’impératif, comme chacun le sait. Alors, pourquoi « rêves-en » ou « rêves-y » porte-t-il un « s » ?
Pour faire joli.
Parce que « rêve-en », c’est moche.
Ce sont des lettres "éphelcystique" ("attiré à la suite", étymologiquement), ou euphoniques ("au joli son"). Les lettres ont une vie bien à elle, sur nos pages blanches, sur nos claviers d'ordinateur...
Et « porte-t-il » comporte aussi une lettre qui n’existe pas dans la grammaire… La voyez-vous ? 😉