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Bénédicte Gandois

Entre écriture et musique...

Il faut tâcher? il faut tacher?

Lorsqu’on choisit, très audacieusement, des spaghettis avec une sauce bolognaise au restaurant, on prend toujours un grand risque. Celui des taches.

Les taches, en particulier sur un chemisier blanc, c’est fâcheux. Très fâcheux… ce qui nous pousse peut-être souvent à ajouter un accent circonflexe en trop (des *tâches), ce qui n’arrange rien à l’affaire. Non seulement le joli chemisier blanc est bon pour le lavage, mais l’orthographe ne brille pas non plus.

Restera alors la lourde tâche de détacher ledit chemisier… La tâche, c’est un « ouvrage, travail qu’on doit exécuter selon certaines conditions, dans le cadre d’un métier ou d’une activité quelconque » selon le Dictionnaire de l’Académie française. Elle peut être positive (une tâche passionnante) comme négative (la tâche de détacher le chemisier…), à la différence du « labeur » forcément pénible, voire attribuée à un objet (l’ordinateur accomplit un grand nombre de tâches) ; on garde tout de même la connotation d’un travail qui doit être accompli et demande souvent beaucoup d’énergie.

Apparu au xie siècle, le mot signifie d’abord « redevance consistant en une part de fruits, souvent un onzième, que le tenancier doit au propriétaire pour des champs obtenus par la mise en valeur de terres vierges », donc l’idée d’un échange, puis « quantité de travail qu'on s'est engagé à faire dans un temps et pour un prix déterminé » comme l’indique le CNRTL ; le mot s’applique donc directement au monde du travail (contrairement au mot travail, issu d’un instrument de torture, mais ce sera pour une autre fois !)

En revanche, notre « tache », soit « marque salissante », elle, a laissé moins de trace de son passage dans l’histoire de la langue : son étymologie reste incertaine. En ancien français, on trouve des « taches » et des « teches » qui désignent une qualité, bon ou mauvaise ou un signe distinctif. Comme des taches de couleurs, des étymologies se sont croisées au cours de l’histoire, se mêlant. A côté d’hypothèses d’un mot d’origine germanique, le substantif « tache » pourrait venir du verbe latin tangere, « toucher » qui, sous l’influence d’un autre verbe, tingere « teindre », aurait pris le sens de « toucher en mouillant, éclabousser, barbouiller, colorer »… d’où notre tache de peinture (à laquelle mon correcteur orthographique veut absolument ajouter un circonflexe…)

Il faut tâcher? il faut tacher?
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