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Bénédicte Gandois

Entre écriture et musique...

Editeur, un métier bénévole?

Je transfère ici un article que j'ai publié sur le blog des Editions de la Maison rose, car c'est un problème qui touche nombre de confrères éditeurs... et que la situation actuelle ne fait qu'aggraver.

Dans la chaîne du livre, on connaît la marge du libraire (35-40%), dont la situation actuelle a aggravé les difficultés. On sait moins que la diffusion, librairie comprise, c’est une marge de 60% environ.

Le coût de l’impression varie, quant à lui, de 10 à 30% du prix du livre, voire 50%, malheureusement, pour une impression en Suisse.

Les services de presse, la publicité, les salons, tout ce qui permet au livre d’être visible, c’est 30% du prix du livre.

Parlons, maintenant des coûts de fabrication du livre. Il y a la relecture et correction du manuscrit (entre parenthèses, j’ai trouvé plus de soixante fautes d’orthographe pour une centaine de pages dans le dernier livre que j’ai lu d’un grand éditeur suisse…) ; la mise en page ; les illustrations, et la maquette de couverture, tâches qui sont souvent externalisées et confiées à des indépendants.

Sans subvention aujourd’hui, il est quasiment impossible de faire paraître un livre.

De fait, dans la chaîne, l’auteur et l’éditeur sont loin d’être les mieux lotis. L’auteur reçoit entre 4 et 10% des ventes. Aux Éditions de la Maison rose, nous serrons tous les coûts pour que, en l’absence de diffusion, l’auteur puisse recevoir 20%.

Quant à l’éditeur… je vous laisse calculer ce qui reste. 

C’est peut-être ce qui pousse aujourd’hui certains éditeurs à négliger de plus en plus ce qui fait la valeur ajoutée d’un travail… d’édition.

Je veux parler du travail avec l’auteur, en vue d’obtenir le meilleur livre possible. C’est ce qui est passionnant dans notre travail. Nous pouvons être fiers d’être des « découvreurs de talents » et prenons le temps d’un vrai travail avec les auteurs jusqu’à l’obtention d’un livre de qualité. Et d’une grande valeur esthétique – comme le relèvent souvent nos lecteurs.

Bref, l’édition, pour nous, cela représente un vrai suivi des auteurs jusqu’à l’édition du livre. Pour tel roman, l’auteur faisait une ellipse qui empêchait une bonne compréhension de la partie finale du roman ; tel autre multipliait les répétitions involontaires, etc., en passant par la formulation du titre. Pour la poésie, les allers-retours avec l’auteur ont pour objet le choix des poèmes, l’organisation du recueil – que le recueil ait un sens et ne soit pas une simple compilation de poèmes.

L’édition d’un livre est un travail passionnant, riche d’échanges et de rencontres. C’est, du reste, l’un de nos points forts, qui nous définit en tant qu’éditeur. Et nous le prenons à cœur.

Éditer un livre peut nous demander jusqu’à deux mois de travail plein temps. 

Dans le contexte morose de la culture actuelle, où les subventions s’amenuisent, il me semblait important de rappeler cela : dans la chaîne du livre, il y a aussi l’éditeur.

Editeur, un métier bénévole?
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