22 Mars 2018
Combien d’heures passées dans des salons du livre, assise derrière une table, ou debout ? Combien de rencontres, de discussions, d’émotions et de sensations allant de l’ennui à l’enthousiasme ? Et tant de profils de lecteurs…
Et passant de stand en stand, discutant avec auteurs et éditeurs, on change tour à tour de rôle : vendeur-acheteur… Et l’on se retrouve sûrement soi-même dans ces types de lecteurs.
Vu depuis mon stand, je reconnais le « lecteur papillon » ; celui qui passe et effleure doucement chaque livre de son aile avant de disparaître.
Le lecteur taupe qui avance vers un point lointain, yeux plissés et dont on ne sait quel livre, quelle émotion littéraire il recherche.
Il y a encore le lecteur un peu sauvage qui aimerait approcher mais n’ose pas. Qui caresse du regard la couverture des livres sans oser même les toucher. Je ne bouge pas : un geste vers lui l’effaroucherait. Je n’ose même rien dire. Après quelques minutes de réflexion, l’oreille aux aguets, il disparaît à son tour.
Mais mon préféré c’est le lecteur lumineux qui avance d’un pas décidé comme si, de toute éternité, il avait décidé qu’il s’arrêterait un jour à mon stand. Il regarde rapidement les couvertures et saisit un livre dont le titre chatouille peut-être déjà son cœur. Il ferme les yeux, l’ouvre à une page prise au hasard et, avec un peu de crainte – peur d’être déçu ? – il baisse le regard vers les mots imprimés. Puis relève son visage, me sourit et me tend le livre. Je souris à mon tour. Le livre l’a touché, lui a apporté quelque chose, qui sait, et le livre lui appartient. Il vit !
Je ne sais trop quel lecteur je suis quand je me promène à mon tour entre les stands, peut-être un peu de tous, mais c’est à celui-ci, lumineux et confiant, qui vibre du plaisir de la lecture, que j’aimerais chaque fois ressembler.
Après l'excellent Salon du livre romand (3-4 mars) et le Marché de la Poésie de Lausanne (18 mars), retrouvez-nous au Salon du Livre et de la Presse de Genève les 25, 26, 27, 28 et 29 avril prochains!
(Avec Patricia Tella au Salon du livre romand)